Mes souvenirs d’enfance, je n’en ai quasiment aucun. C’est comme une chape de plomb qui s’est refermée sur ma mémoire. Un mur protecteur. Sur ce mur, une porte scellée à double tour. De temps en temps, elle s’entrouvre et ce qu’elle laisse entrevoir me terrifie. Elle s’immisce dans mes rêves ou surgit autour d’une conversation anodine. Pour l’instant, je n’ai pas la force, ni le courage de l’ouvrir. Et puis, le faut-il ? Grâce à ce verrou, je poursuis ma route et d’autres portes s’ouvrent sur un solide havre de paix. Un jour peut-être, irai-je explorer les douves, au fin fond de mes pensées, au tréfonds de mon âme pour l’affronter ou du moins y faire face. Un jour peut-être, trouverai-je la clé. Pour cela, il faut faire du ménage, balayer devant sa porte. En attendant, j’ai décidé d’avancer, déterminée, sans me retourner. J’ai trébuché, me suis relevée et suis tombée sur une nouvelle porte, une nouvelle voie s’offre à moi. Une opportunité. Que faire ?

La nuit porte conseil. Je me laisse un délai de réflexion et vais me coucher. Je m’endors rapidement d’un sommeil pesant. C’est alors que j’entends dans le couloir un bruit. Ce n’est pas normal. La porte est fermée à clé. Pourquoi j’entends des pas qui avancent vers moi. Je suis pétrifiée. Je veux allumer la lumière de ma lampe de chevet mais n’y parviens pas. Je suis paralysée par la peur. Une ombre apparaît au pied de la porte de ma chambre. Elle approche à pas lents et silencieux. Tous les voyants sont au rouge dans ma tête. Il faut réagir, crier, bouger, appeler à l’aide. Mais non, aucun son ne sort. Je suis incapable de bouger le moindre petit doigt. C’est alors que je sens une main se poser sur ma bouche. Je tends le bras et déclenche l’interrupteur. La pièce est vide.

Encore un cauchemar, toujours identique. Je me lève pour me remettre les idées en place, boire un verre d’eau et faire disparaître l’angoisse qui m’a assaillie quelques minutes plus tôt. Je vérifie que la porte d’entrée est bien fermée, refais un tour de chaque pièce et retourne au lit.

J’ai la réponse à ma question : il faut que j’ouvre de nouvelles portes pour laisser celle-ci close.